Nicolas Moisson

Bilan culturel 2021

- 16 mars 2022 -

En retard, mais qui regarde la montre ?

Films

Ratatouille (Brad Bird, Jan Pinkava, 2007)

Cold Meridian (Peter Strickland, 2020): Un court-métrage mubi/10.

Fantastic Mr. Fox (Wes Anderson, 2009)

Blame! (Hiroyuki Seshita, 2017): on ne peut qu'apprécier le fait que ce soit ce studio et pas un autre qui s'est chargé de l'adaptation du manga de Nihei. Après Ajin et surtout Knights of Sidonia, Polygon Pictures déploie à nouveau une 3D au service d'un espace volumétrique qui l'exige et l'invoque, naturellement. Blame! défie les proportions, se joue d'une architecture qu'on chercherait à maîtriser. A l'écran, les gigastructures sont entraperçues, effleurées, tout juste familières. Le son est tour à tour rond, vrombissant, bouillonnant, contenu puis qu'on ne tient plus, qu'il est impossible à tenir dans l'écho qui se perd dans une salle de la taille de Jupiter. C'est à la fois la force et la faiblesse de l'adaptation. Elle doit être diffusable, elle a une réalité matérielle qu'elle ne peut ignorer. La technique et l'immédiat sensoriel sont présents, et l'écran regorge de plans impeccables. Pour autant, il manque le temps. C'est 106 minutes, et pas une de plus, alors qu'un simple ascenseur entre deux niveaux au début du manga nécessite 800 heures pour faire la remontée. Il manque les personnages qui habitent ce temps et cet espace, trop grand pour eux, trop long pour nous. Peut-on habiter un tel espace ? Le manga creuse cette question, l'adaptation l'esquive poliment, et pour cause. Blame! est incommensurable, inadaptable, on ne peut qu'en faire une approximation, comme ce que Nihei aura fait en couchant sur le papier l'infinité structurelle de la Cité.

Pacific Rim (Guillermo del Toro, 2013): j'ai quand même un faible pour les méchas, il faut l'avouer. Sur ce plan-là, le film tutoie les cieux, du haut des robots filmés avec fracas. Pour le reste, hélas, c'est ras-les-paquerettes.

El Topo (Alejandro Jodorowsky, 1970)

The Man from U.N.C.L.E (Guy Ritchie, 2015): j'ai retrouvé dans le film le côté witty de la mise en scène et des dialogues de Ritchie, que j'avais apprécié dans Snatch et un des Sherlock Holmes, même si initialement je n'ai pas regardé ce film parce que c'était réalisé par le bonhomme (je l'ai vu seulement dans les crédits à la fin), mais parce qu'il y avait Henry Cavill dedans. Hum.

Once Upon a Time in Anatolia [Bir Zamanlar Anadolu’da] (Nuri Bilge Ceylan, 2011)

Winter Sleep [Kış Uykusu] (Nuri Bilge Ceylan, 2013)

Man of Steel (Zack Snyder, 2013): C. n'avait jamais vu ce désastre, il fallait réparer l'oubli (non). C'est aussi le début d'un cycle de rattrapage des films DC Comics. Superman est le superhéros que j'apprécie le plus. Il symbolise ce qui se tient à l'horizon de l'esprit humain. C'est une pomme et nous sommes Tantale. C'est une aberration morale, ou plutôt - c'est un surplus de ration. Superman est surrationel. Ce qui n'a rien à voir avec la version présentée dans Man of Steel. Là, il est d'inspiration christique, donc terrestre, donc irrationel. Fallait-il traîner cette idée dans la boue qu'est le cinéma de superhéros post-9/11, avec toutes les autres figures ? Là, semble dire Hollywood, Superman n'est pas mieux, pas pire, que n'importe qui d'autre. Interchangeable, fétichisable (au sens de valeur). Superman est mort, non pas parce que nous l'avons tué, mais parce que nous ne pouvons plus supporter ce qui est au-delà des limites.

Rise of the Guardians (Peter Ramsey, 2012): triptyque de films d'animation. Les deux premiers me sont précieux. Les Guardians font mouche grâce à des dialogues savoureux, une alchimie évidente entre les personnages, un univers intrigant et riche en surprises (la division européenne de récolte des dents de lait, tout simplement merveilleux) ainsi qu'un humour qui n'hésite pas à se cacher dans un recoin de l'image sans crier gare.

Over the Hedge (Tim Johnson, Karey Kirkpatrick, 2006): j'aime ce film pour beaucoup de raisons, en voici une, souvent négligée: contrairement à beaucoup de films d'animation, la fin d'Over the Hedge ne cherche pas à pardonner, ni à excuser, ni à sauver les personnages humains. Wall-E, très bon au demeurant, nous sort la fin heureuse d'une humanité qui aurait
compris de ses erreurs et qui débarque à nouveau sur la planète avec l'envie de faire mieux, promis cette fois on va prendre soin des arbres et on repart sur de bonnes bases. Lmao, comme disent les jeunes. Over the Hedge n'y croit pas et ne présume de rien après l'épilogue. L'étalement urbain et la bétonification de l'espace continuera, et les animaux du bois vont devoir apprendre à vivre malgré ça.

Robots (Chris Wedge, Carlos Saldanha, 2005): à la demande de S., revisionnage de ce film pour compléter le cycle d'animation. J'en avais gardé des souvenirs positifs, et le revoir n'a pas changé la donne. L'univers pose à peu près autant de questions existentielles que celui de Cars. Il vaut mieux ne pas trop y réfléchir.

Pocahontas (Mike Gabriel, Eric Goldberg, 1995)

Stump the Guesser (Guy Maddin, Evan & Galen Johnson, 2020)

Hero (Zhang Yimou, 2002)

La fabrique de l’ignorance (Franck Cuvelier, Pascal Vasselin, 2020)

Les survivants (Nicolas Bailleul, 2019)

The Princess and the Frog (Walt Disney, 2009)

Wonder Woman (Patty Kenkins, 2017): quelle horreur. Wonder Woman qui n'agit que pour l'amour d'un homme rencontré deux heures plus tôt, force herculéenne au service de rien si ce n'est le status quo. Et comme on est dans le film de superhéro post-9/11 (cf Man of Steel), c'est gris, c'est dévasté, c'est moche, c'est la première guerre mondiale sans contexte, mon no man's land sur ton front, ça fait une bravoure mal placée et un slow-mo qui en fait des tonnes.

Chungking Express (Wong Kar-wai, 1994)

Réponse de femmes : Notre corps, notre sexe (Agnès Varda, 1975)

Marie Antoinette (Sofia Coppola, 2006)

Lost in Translation (Sofia Coppola, 2003): le spleen d'occidentaux perdus en Asie ne me touche guère.

American Psycho (Mary Harron, 2000)

The Last of the Mohicans (Michael Mann, 1992)

World of Tomorrow (Don Hertzfeldt, 2015)

Escape from New York (John Carpenter, 1981): C. voulait que je le regarde pour connaître ce qui a inspiré le personnage de Solid Snake, parmi d'autres influences, Kojima étant une grande benne de recyclage. Alors on a regardé. Voilà. On va dire que ça a mal vieilli.

Berserk : The Golden Age Arc, The Egg of the King (Studio 4°C, 2012)

Berserk : The Golden Age Arc, The Battle of Doldrey (Studio 4°C, 2012)

Berserk : The Golden Age Arc, The Advent (Studio 4°C, 2013)

Dilwale Dulhania Le Jayenge (Aditya Chopra, 1995)

Batman v Superman : Dawn of Justice (Zack Snyder, 2016)

Zack Snyder’s Justice League (Zack Snyder, 2021): Version Snyder's Cut, s'il vous plaît. Il paraît que c'est mieux que la version sortie au cinéma. Ah. Oh. Eh ben. C'est affligeant de voir l'effort surhumain qui est déployé pour nous faire croire qu'il y a un vrai enjeu là-dedans en attendant le Superman ex machina.

Minority Report (Steven Spielberg, 2002): Le parallèle entre le personnage joué par Tom Cruise et Jaden dans Heavy Rain est saisissant, je n'avais pas fait le rapprochement avant (mais c'est parce que je n'avais pas joué au jeu aussi). En revisionnant le film, c'est assez explicite. Le jeu vidéo gros budget, éternellement dans l'ombre du projecteur de cinéma.

Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma, 2019): Fantastique, puissant.

Jacky au royaume des filles (Riad Sattouf, 2014)

Scenes with Beans (Otto Foky, 1976)

Hey, You! (Peter Szoboszlay, 1976)

Marguerite Duras et l’illusion coloniale (Nathalie Masduraud, Valérie Urrea, 2019)

Seven Souls in the Skull Castle (Hidenori Inoue, 2013): je partais méfiant, et je n'aurai pas dû. Le projet en lui-même est déjà singulier: une pièce de théâtre rejouée tous les sept ans, avec plus ou moins la même troupe, mais pas forcément la même distribution de rôles, ni la même dynamique entre les personages, ni la même trame scénaristique. Le premier visionnage de cette version était vraiment intéressant, mais j'attends d'autant plus la découverte des autres versions, pour connecter les ponts et tisser la mythologie interne de ce projet. J'avais vu ça dans le jeu vidéo (Zelda), dans la littérature, mais jamais dans le théâtre, et le théâtre vivant qui plus est. Affaire à suivre.

Cyrano de Bergerac (Jean-Paul Rappeneau, 1990): C. n'avait jamais vu cette adaptation. La voir passer du rire aux larmes en l'espace de deux heures me dit tout ce qu'il y a à dire sur l'oeuvre.

Dune (Denis Villeneuve, 2021): j'y suis allé moins pour Villeneuve, dont je n'avais vu aucun film jusqu'alors, que pour Dune, que j'aime beaucoup. Il y a des aspects que j'ai apprecié, d'autres moins. Ça valait bien la peine de créer un univers qui se tourne entièrement vers l'humanité, au point de bannir les ordinateurs et autres machines "pensantes", pour se retrouver avec une architecture profondément anti-humaine, froide au possible, bétonniste. Je suis de ceux qui interprètent Dune comme un univers profondément chaud (eh), conscient, voire conscientisé, plus spirituel que technomasturbatoire, fut-ce la technologie discrète et épurée (en apparence, ça reste toujours cette obsession pour la stylisation excessive du béton que je ne comprendrai jamais). Villeneuve semble friand d'une SF dystopique, dictatoriale, en tout cas militarisée, alors que l'univers d'Herbert est un havre de culture cosmopolitocosmique, d'ésotérisme à foison, et de propos écologiques et humains, à mille lieux de sa réception contemporaine. J'accuserais presque la mouvance du cinéma de fantaisie post 9/11 d'avoir frappé à nouveau, mais on va dire que je suis monomaniaque. J'irai voir la deuxième partie, à reculons. Dans tous les cas, (re)lisez les livres.

The Lighthouse (Robert Eggers, 2019): si ce film avait été des moules, j'en aurais repris deux fois tellement c'était bon. Pattison et Dafoe vivent leur meilleure vie, grand bien leur fasse.

In a Lion (Karol Lindholm, 2021)

Aquaman (James Wan, 2018)

The Witcher : Nightmare of the Wolf (Kwang Il Han, 2021)

Avril et le Monde Truqué (Franck Ekinci, Christian Desmares, 2015): un univers intrigant et curieux qui s'explore agréablement en première partie. La deuxième m'enchante un peu moins, notamment parce qu'elle se concentre sur une intrigue portée uniquement par les personnages, et l'univers passe en arrière-plan.

Jeux vidéo

Uurnog Uurnlimited (Nifflas Games, Raw Fury, 2017)

Couch Installation Service (Ilya Tishchenko, 2020)

Little Nightmares (Tarsier Studios, BANDAI NAMCO, 2017)

Glass Masquerade (Onyx Lute, 2016): ça n'a aucun droit d'être aussi raffiné, et pourtant ça l'est.

Orwell (Osmotic, Fellow Traveller, 2016)

Tacoma (Fullbright, 2017): une narration parcellaire dans un cadre interstellaire.

Sundered (Thunder Lotus Games, 2017): la liberté de mouvement à travers le chaos, au sens littéral. C'est une sensation avant tout, celle d'être à deux doigts de se faire déborder, d'être assimilée à la horde. Contrairement à Hollow Knight, pour rester dans le même genre, le mouvement n'est pas une récompense qui vient trop tard, c'est l'essence du jeu. L'ajout de la dimension roguelite amène de l'imprévisible dans l'exploration, ce qui dépoussière un genre devenu trop sacralisé, ployant sous ses propres conventions.

The World Next Door (Rose City Games, Viz Media, 2019)

Mable and the Wood (Triplevision Games, Graffiti Games, 2019)

Little Inferno (Tomorrow Corporation, 2012): refait rapidement pendant qu'O. découvrait le jeu de son côté en parallèle. J'apprécie le retour de sensation immédiat, presque physique, qui se produit lorsqu'on brûle les objets, encore et encore. Le jeu construit autour n'est que l'aboutissement logique de cette répétition.

LEGO Lord of the Rings (Traveller’s Tales, 2013)

LEGO The Hobbit (Traveller’s Tales, 2014): la collectionite aigüe.

Symmetry (Sleepless Clinic, IMGN. PRO, 2018)

The First Tree (David Wehle, 2017)

When the Past was Around (Mojiken, Toge Productions, 2020)

Resident Evil 8 (Capcom, 2021): je n'ai pas fait le jeu, mais j'ai regardé quelqu'un le faire du début jusqu'à la fin. C'était, pardonnez-moi mon langage, nul à chier.

Princess Connect ! Re:Dive (Cygames, Crunchyroll, 2018)

Hellblade : Senua’s Sacrifice (Ninja Theory, 2017): un travail bluffant sur la spatialisation du son, ainsi que quelques scènes et moments mémorables. Le jeu pêche de vouloir trop plaire à la foule des gamers, qu'il ne faudrait pas lâcher au milieu d'une oeuvre sur la santé mentale et la schizophrénie sans y associer quelques combats répétitifs et des puzzles bas du front, mais si on arrive à passer outre ce cahier des charges, Senua demeure une des meilleures découvertes de cette année.

For The King (Iron Oak Games, Curve Digital, 2018)

A Plague Tale : Innocence (Asobo Studio, Focus Home Interactive, 2019): plus le jeu avance et moins il a confiance en lui-même et dans ce qu'il a tenté de faire au début. La non-violence affichée dans la mécanique de deux enfants qui n'ont aucune arme, si ce n'est une pauvre fronde et des cailloux pour distraire, et aucun moyen concret de dominer les adultes de l'univers, hostiles par défaut et équipés d'amure des pieds à la tête, part aux oubliettes vers la moitié du jeu environ. Passé ce stade, l'infiltration et la tension tourne à la confrontation incessante. Le rapport de jeu est inversé: auparavant le décor était le support d'une tension, d'une fuite, guidée mais intuitive; désormais, c'est la stratégie qui prime, et les niveaux s'enchaînent et se ressemblent dans un level design éculé. Voici Uncharted, voici The Last of Us, voici n'importe quelle arène qui annonce explicitement une phase de gameplay avec sa construction environnementale si bizarre, ces murets disposés si maladroitement pour faire office de couverture, ses objets à ramasser pile au moment où il faut refaire les stocks. Un grand gâchis.

The Spectrum Retreat (Dan Smith, Ripstone Games, 2018)

The Vanishing of Ethan Carter (The Astronauts, 2014): beaucoup de bruit pour rien, n'en déplaise à celles et ceux qui auraient trouvé la mécanique de suivre des traces surlignées au trait blanc dans un environnement photoréaliste tellement subtile et complexe qu'elle nécessite une discussion poussée dans un chat Twitch, au détriment de la découverte par moi-même. N'importe quel basset le fait naturellement, en fait.

Titan Souls (Acid Nerve, Devolver Digital, 2015): ivre virgule, il ne retient de Shadow of the Colossus que les combats et la mise à mort. Pouah.

Obduction (Cyan Inc., 2016): le genre de jeux qui croit que l'art est éternel, et que ce qui a marché il y a trente ans marche encore aujourd'hui (doux suashem, non) mais serait aussi intéressant (ça ne l'était déjà pas il y a trente ans).

CONTROL (Remedy Entertainement, 505 Games, 2019): j'aimerais écrire sur le jeu, mais en trois mots, c'est un jeu de tir qui a compris que l'intérêt n'est pas dans l'alignement répétée d'un viseur sur des corps, mais le ballet de ces mêmes corps dans un espace contraint, et la perte, ou l'apprentissage, du contrôle (hin hin) de soi.

Her Story (Sam Barlow, 2015): j'ai l'impression de me répéter, mais le jeu se trahit à la fin en nous donnant la possibilité de lever toute ambiguité sur l'histoire, volontairement morcelée et difficilement accessible tout de go. C'est justement cette artificialité, cette restriction dans la recherche des vidéos, qui provoque la curiosité dans un premier temps, et développe l'interprétation ensuite. Si on enlève ces oeillères, ça ne tient plus.

Tormented Souls (Dual Effect, Abstract Digital, Pqube Limited, 2021)

Ynglet (Nifflas, 2021)

The Dark Pictures Anthology : House of Ashes (Supermassive Games, Bandai Namco,
2021): le degré zéro du jeu vidéo, et je ne dis pas ça dans un sens barthésien. C'est affligeant d'ennui, et si on voulait être politique, c'est du spectacle indécent qui n'a rien à dire sur des thèmes traités comme de simples décors. Il n'y a apparemment pas assez d'horreur dans le domaine de l'intervention militaire états-uniennes dans les pays du Moyen-Orient qu'il fasse en créer de toute pièce avec des vampires extraterrestres. Ridicule.

Shark Rider (LCB Game Studio, 2021)

Discover My Body (Yames, 2020): ça ne paie pas de mine, mais l'univers esquissé en quinze minutes donne des frissons dans le technococon.

The Building 71 Incident (Scary Cube, 2021): une creepypasta savamment menée.

The Restless (Dansodic, 2017)

Harmful : The Second Tape (Tooth and Claw, 2020)

Guaishou (Ennio Dal Farra, 2020)

Deadeus (-IZMA-, 2019)

FAITH Chapter II (Airdorf, 2018)

SteamWorld Dig 2 (Image & Form, 2017)

A Wolf in Autumn (David Szymanksi, 2015): un jeu Unity/10.

A Story About My Uncle (Gone North Games, Coffee Stain Studios, 2012)

Critters for Sale (Sonoshee, 2021): une oeuvre profondément et délicieusement postmoderne. Beaucoup de jeux revendiquent l'adjectif, peu réussissent. Le collage des genres (point-and-click, visual novel, aventure-dont-vous-êtes-le-héros), l'éclatement de la narration, la volonté farouche de répondre à chaque interrogation par trois autres, l'éclectisme sonore, le pastiche de cultures connexes, le langage tantôt précieux, tantôt burlesque, les personnages qui échappent à toute convention de genre, de classe, d'alignement sur l'axe bon-mauvais. Critters est une réussite totale.

Darkest Dungeon (Red Hook Studios, 2016): SOOTHED. SEDATED. Les histoires générées par le quotidien du jeu resteront longtemps dans ma mémoire. Le grind, un peu moins. Mais quelle ambiance ! Quelle tension ! Quelle pugnacité dans les moments triviaux, et quelle nonchalance dans les situations catastrophiques !

20XX (Batterystaple Games, 2016)

Panoramical (Fernando Ramallo, David Kanaga, 2015): la sauce n'a pas pris pour moi.

3 out of 10, episode 1 (Terrible Posture Games, 2020)

Everhood (Chris Nordgren, Jordi Roca, Foreign Gnomes, 2021): la démo m'avait complètement conquis, le jeu s'est révélé tout aussi riche, quoiqu'un peu longuet sur la fin. C'est aussi une oeuvre postmoderne, mais dans des proportions moindres que Critters for Sale, et j'ai envie d'écrire sur les deux du coup.

Minit (Jan Willem Nijman, Devolver Digital, 2018): le jeu indé du mois qui reprend une vieille formule, mais avec un twist ! Rigolo, mais finalement assez anecdotique. Ah, et le jeu trahit son design à la fin (encore !).

Livres

The Truth About Primitive Life : A Critique of Anarchoprimitivism (Ted Kaczynski, 2008)

Une Suisse au-dessus de tout soupçon (Jean Ziegler, 1976)

L’assignation : les Noirs n’existent pas (Tania de Montaigne, 2018)

Les mondes de l’art (Howard S. Becker, 2010): un livre éclairant, synthétique, qui m'a apporté des exemples et des analyses historiques qui alimenteront durablement mon approche des arts, et de leurs mondes du coup. Je conseille à quiconque s'intéresse à l'art de près ou de loin de se pencher sur le livre, ne serait-ce que pour savoir de quoi on parle quand on se lance dans de grands discours sur le sujet, c'est-à-dire quasiment tout le temps.

Bandes dessinées

Blame! #1 à #10 (Tsutomu Nihei, 1998-2003)

NoiSE (Tsutomu Nihei, 1995)

Berserk #14 à #40 (Kentaro Miura, 1997-2018)

Hunter X Hunter #33 à #36 (Yoshihiro Togashi, 2016-2018)

Albums

A Fable (Tigran Hamasyan, 2011)

Spiral, My Love (Poté, 2018)

Epoch (Alfa Mist, 2020)

Loveless Shadows (EP) (City Girl, 2017)

Snow Rose (City Girl, 2017)

Lustful Sacraments (Perturbator, 2021)

Time Falls Like Moonlight (City Girl, 2018)

Neon Impasse (City Girl, 2018)

Celestial Angel (City Girl, 2018)

Somnolent Nova (City Girl, 2019): suite à un article qui se lamentait que l'espace du neo rétro léololo synthwave machin chose était accaparé par le trio Perturbator / Carpenter Brut / Kavinsky (faudra me dire où il est passé au fait), l'auteur proposait d'autres noms pour essayer d'introduire de la diversité. City Girl était un de ces noms. Après 5 albums, je n'en ai rien retenu. L'univers évoqué transpire le chewing-gum et les ranked queues éclatées à 4 heures du matin qu'on regarde sur un stream de League of Legends, parce que c'est le genre de musique qu'on passe pour éviter de subir un DMCA.

No Panic No Pain (Flohio, 2020)

A Plague Tale : Innocence OST (Olivier Deriviere, 2019)

CONTROL OST (Petri Alanko, Martin Stig Andersen, 2020)

How to Leave Your Body (Not Waving, 2021): des textures déconstruites, qui fusent et se fondent à droite, à gauche, dans un maelstrom doux. "Last Time Leaving Home, Part 2" est du Cohen en puissance pour 20XX.

Animals (Not Waving, 2016): attention, pour quiconque aurait été séduit par How to Leave Your Body, cet album est plus agressif, moins optimiste, mais tout autant hypnotique dans sa manière d'étaler les sons et les couches, une par une.

Dust and Disquiet (Caspian, 2015)

Pili pili sur un croissant au beurre (Gaël Faye, 2013)

Rythmes et botanique (Gaël Faye, 2017): meilleure découverte de l'année pour moi, au détour d'un post sur reddit qui présentait du rap alternatif. J'ai repassé "Tôt le matin" des dizaines de fois. Sa force lyrique insuffle et enivre, effleure et vrille.

Hellblade : Senua’s Sacrifice OST (David Garcia Diaz, 2018)

RiME OST (David Garcia Diaz, 2017)

Faceless Evil, Nameless Fear (Bror Gunnar Jansson, 2021): des accents blues avec quelques thèmes modernes.

Oxygène (Jean-Michel Jarre, 1976)

Equinoxe (Jean-Michel Jarre, 1978)

Les Chants Magnétiques (Jean-Michel Jarre, 1981): J'ai voulu ré-écouter la discographie de JMJ parce que je me suis arrêté aux années 90, et j'étais curieux de voir ce qu'il était devenu depuis. Comme j'aime bien avoir une vue d'ensemble, j'ai repris depuis le début, c'est plus simple.

Séries

Avatar the Last Airbender, série complète(Michael Dante DiMartino, Bryan Konietzko, Aaron
Ehasz, 2005): C. ne l'avait jamais vu en entier, alors rattrapage. C'est toujours aussi bien.

Demon Slayer, saison 1 (Ufotable, 2019): Après avoir vu la saison 2, on en vient à se demander si on n'a pas halluciné la première saison. Qu'a-t-on trouvé de bien excitant au juste dans ce shounen? D'accord, l'animation a des moments incroyables, mais à bien y regarder, ça ne sauve pas les deux zozos compagnons de route et leur personnalité unilatérale, ni la pauvreté des règles qui sous-tendent les intéractions, pouvoirs et autres magies.

Houseki No Kuni (Orange, 2017): de la grâce, de la fluidité, des corps en mouvement, des angles et des mises en scène euphoriques, une explosion de couleurs et de personnages, Houseki No Kuni m'a beaucoup plu. L'univers est original, l'écriture prend une tournure inattendue, un anti-roman d'apprentissage qui fait la part belle au voyage du héros campbellien. J'aimerais une suite, je n'ai pas envie de lire le manga, j'ai envie de voir tout ça bouger à l'écran, c'est infiniment plus évident.

The Witcher, season 1 (Lauren Schmidt Hissrich, 2019)

Fate : The Winx Saga (Archery Picture, Rainbow, 2021): nanardesque.

The Queen’s Gambit (Scott Frank, Allan Scott, 2020)

To Your Eternity (Brain’s Base, NHK, 2021): la série atteint son paroxysme à l'épisode 5. Après, ce n'est qu'une boucle qui se répète toujours selon le même schéma, avec des arcs de plus en plus long mais avec des personnages de moins en moins charismatiques.

Arcane : League of Legends, saison 1 (Christian Linke, Alex Yee, Riot Games, 2021)

Chicago Med, saison 1 à 5 (Dick Wolf, Matt Olmstead, 2015): une série médicale avec du bon et du mauvais. Dans le bon il y a une diversité dans les cas présentés, avec un accent sur les troubles psychologiques et psychiatriques grâce à la présence du psychiatre en chef dans le corps médical suivi tout au long des saisons. Je ne suis pas expert en série médicale (je n'ai vu que Scrubs dans le genre), mais j'ai l'impression que Chicago Med se démarque sur ce point. Il y a des patient·e·s sur le spectre de l'autisme, des questions autour de la religion et la liberté de conscience, le VIH, une personne transgenre (jouée par une actrice transgenre qui plus est, bravo), une gestion d'attaque terroriste, et d'autres situations que je n'ai jamais vues dans Scrubs, par exemple. La série fait même l'exercice de continuer à filmer durant la pandémie en intégrant celle-ci dans son univers, renforçant le sentiment de modernité et d'actualité. Dans le mauvais par contre, il faudra citer des personnages qui bien souvent n'en font qu'à leur tête, sans aucun respect pour l'éthique ou la déontologie, et qui continuent d'exercer au fil des saisons uniquement parce que la direction les protège à outrance et que les patients survivent finalement, alors tout est
pardonné. Je n'aimerais pas être soignée dans cet hôpital. On regrettera aussi de la romance parfois superflu, du jeu d'acteur et d'actrice pas très convaincant par moments, et sous-trames inintéressantes.

The Witcher, season 2 (Lauren Schmidt Hissrich, 2021): Ciri prend trop de place dans la saison, et le reste de l'univers passe en retrait. Les actions ne tournent qu'autour d'elle et de la prophétie, ce qui fait que l'écriture ne s'embarrasse plus de développer autre chose. Des personnages sont ignorés, sacrifiés, malmenés. Tant que Ciri avance, le reste peut bien
s'effondrer. C'est sans parler des gros raccourcis qui sont pris dans la narration et la construction de l'univers, dans lequel on peut traverser le continent à cheval en moins de deux heures pour être là où il faut quand il le faut, toujours pour les beaux yeux de Ciri. Autant j'avais bien apprecié la première saison, autant celle-ci est décevante.

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