Bilan culturel 2023
Publié le 20 janvier 2024 dans les catégoriesblogbilan
23 films sur 45
33 jeux sur 40
18 livres sur 20
29 bandes dessinées sur 24
14 albums sur 24
Films
The Yinyang Master : Dream of Eternity (Guo Jingming, 2020)
Dans la poursuite insatiable de fan service d’Onmyoji le jeu, C. et moi regardons tout ce qui est produit ou presque, mais à chaque fois c’est le même constat : c’est moins Onmyoji le jeu qu’Onmyoji le roman qui est adapté, et du coup même si c’est distrayant, on reste un peu sur notre faim. Il a falloir se faire une raison…
RRR (S. S. Rajamouli, 2022)
Tintin et le Secret de la Licorne (Steven Spielberg, 2011)
J’ai aimé la direction artistique et le choix de ce style d’animation, ça rappelait bien la BD.
La Légende de Bahubali : 1ère partie (S. S. Rajamouli, 2015)
La légende de Bahubali : 2ème partie (S. S. Rajamouli, 2017)
Kung Fu Panda (Mark Osborne, John Stevenson, 2008)
Kung Fu Panda 2 (Jennifer Yuh Nelson, 2011)
C. n’avait jamais vu de Kung Fu Panda, alors on a regardé les deux premiers.
Godland (Hlynur Palmason, 2022)
Vu au cinéma avec O. Parce qu’il refuse catégoriquement l’humilité requise pour changer les croyances et dompter la nature impardonnable de l’Islande, Lucas s’enferme dans une obsession photographique, distante, pleine d’orgueil, de celle de prétendre capturer la réalité faute de la voir réellement sous ses yeux. Dans la boîte, sous le tissu, en construisant des compositions et en arrangeant des poses, il y a un semblant de contrôle, un ersatz de puissance seigneuriale, qui fait écho à sa mission d’évangéliste d’une part, et de colon de l’autre. Son salut sur la pellicule, son destin figé comme ces images de faussaire, face contre cette terre qui sous ces faux airs d’enfer, aurait pu être son paradis, eusse-t-il essayé.
Crouching Tiger, Hidden Dragon (Ang Lee, 2000)
Visionnage avec C. qui ne l’avait jamais vu. Un des meilleurs wuxia pour moi. La différence de tempérament entre Li Mu Bai et Jen, lié par une épée qui cristallise les performances : fascination, respect, peur, exaltation. A côté, une autre différence, celle entre Jen et Yu Shu Lien, lié par un homme qui cristallise les sentiments : sororité, jalousie, envie, colère, deuil. A l’image de son titre, Tigre et Dragon fonctionne en dualité, en opposition, entre la fougue de la jeunesse et le désespoir de la vieillesse, entre explosion d’actions et moments de grâce.
Le Sommet des Dieux (Patrick Imbert, 2021)
14 Peaks : Nothing is Impossible (Torquil Jones, 2021)
Un diptyque sur la montagne, et plus particulièrement l’Everest. Plus que la montagne, c’est l’ascension qui me fascine, la force mentale qu’il faut avoir pour accepter de passer trois heures pour faire une dizaine de mètres seulement, le doute qui s’insinue comme le vent glacial à travers les vêtements, et si c’était une erreur, et si je rebroussais chemin pendant qu’il en est encore temps, et si je continuais malgré tout, et si…et puis le calme, l’échelle du massif qui impose le silence, qui fait taire les voix intérieures, l’impression de n’être rien, la dilution de l’ego sur cette piste qui a été foulée par des centaines de personnes pendant un siècle, toutes aussi fragiles, toutes aussi fortes, un lien, un peu comme un fil dans l’histoire, dans l’espace et le temps, un cordon de sécurité, ou de folie, et qui continue de se tendre. Bon tout ça, c’est la version poétique, que le Sommet des Dieux retranscrit merveilleusement bien. La réalité, c’est 14 Peaks, qui montre l’envers du décor, le business qui se déroule désormais autour de ces recherches d’adrénaline, les ressources obscènes qui sont utilisées pour assouvir les caprices de quelques personnes venues chercher leurs photos, une gloire, un défi, une identité, quelque chose qui mérite apparemment qu’on gaspille autant pour l’atteindre, au mépris de la communauté et du futur. C’est que du haut de l’Everest, tout semble singulier, unique, éternel.
The Breadwinner (Nora Twomey, 2017)
Troisième film d’animation que je vois de ce studio, après Le Chant de la Mer et Brendan et le Secret de Kells. C’est toujours un plaisir, même si là le sujet est moins joyeux, évidemment. J’essaierai de trouver la BD que le film adapte pour en découvrir plus.
Bouddhisme, la loi du silence (Elodie Emery, Wandrille Lanos, 2022)
Artem & Eva (Evgeny Milykh, 2023)
A Short Story (Bi Gan, 2023)
Quelques plans saisissants.
Les mots de la fin (Agnès Lejeune, Gaëlle Hardy, 2020)
Touchant, sincère.
Adipurush (Om Raut, 2023)
First Knight (Jerry Zucker, 1995)
Assez kitsch. Le film a très mal vieilli sur sa représentation de l’amour courtois.
Yannick (Quentin Dupieux, 2023)
Entre les rires, j’ai pensé à Howard Becker et à ses réflexions sur l’art, et les liens entre les gens qui le produisent et les gens qui le consomment. Ce n’était pas la première fois que je repensais à Becker, son livre Les mondes de l’art vit gratuitement dans ma tête, comme disent les anglais. J’ai l’impression de croiser son propos à tous les coins de rue, derrière chaque œuvre, sous chaque production culturelle.
The Endless (Aaron Benson, Jason Moorhead, 2017)
Shin Godzilla (Hideaki Anno, 2016)
Vu au cinéma avec O. Le seul film Godzilla que j’avais vu jusqu’ici était celui de 2014, américain, hollywoodien, assez bête et blockbuster. Cette version-là est dense, critique, tragique. La patte d’Hideaki Anno se ressent dès la première image, et le premier encart textuel qui vient la polluer, l’étouffer sous des informations mais qui paradoxalement libère le propos immédiatement, jusqu’à la blague méta qui achève l’effet voulu, naturellement. Shin Godzilla s’inscrit pour moi dans cette série d’œuvres qui ont vu le jour dans la dernière décennie et qui osent aborder frontalement l’impérialisme américain au Japon, et la relation féodale qu’il y a entre les deux pays post-deuxième guerre mondiale. Voir Terror in Resonance pour cette même thématique.
Le Capitaine Volkonogov s’est échappé (Natalya Merkulova, Aleksey Chupov, 2023)
Comme souvent le pire n’est pas de voir ce film, et certaines de ses scènes glaçantes, mais de s’imaginer que ça s’est vraiment passé, et sans doute de façon moins photogénique et esthétisé que dans le film.
Papers, Please : the short film (Nikita Ordynskiy, 2018)
Event Horizon (Paul W. S. Anderson, 1997) Revu avec O. qui ne l’avait jamais vu, pour une soirée Halloween improvisé. Je repense quelques fois au film. Il mélange à la fois le film de SF tourné vers l’espace et le vaisseau comme élément central et à part entière du casting, et le film d’horreur puisant dans l’imagerie chrétienne avec les possessions, l’enfer. Ce n’est pas un mélange que j’ai beaucoup vu, en fait. C’est un peu Dead Space mais au cinéma.
Pacific Rim Uprising (Steven S DeKnight, 2018)
Inu-Oh (Masaaki Yuasa, 2023)
Je ne m’attendais pas à cette histoire, à ces chansons, mais très bien.
Libertarias (Vicente Aranda, 1996)
La Gueule de l’Emploi (Didier Cros, 2011)
Eh ben, ça ne fait pas rêver. Subir toute cette pression, toute cette humiliation, toute ce mépris pour un maigre SMIC, ça donne des envies d’écrémer toute cette caste dirigeante et RH.
La Fille du 14 Juillet (Antonin Peretjatko, 2013)
Très drôle et absurde. Comme l’impression de voir une YTP avec du budget.
Jeux vidéo
Hundred Days (Broken Arms Games, 2021)
Ring of Pain (Simon Boxer, Twice Different, Humble Games, 2020)
The Looker (Subcreation Studio, 2022)
Après 35 minutes la plaisanterie avait assez duré. Mais pendant ces 35 minutes c’était fendard. Apparemment Jonathan Blow ne veut pas en entendre parler parce que son melon n’arrive pas à concevoir que la parodie est une des plus hautes formes de respect et d’hommage. Tant pis pour lui.
Tomb Raider (Crystal Dynamics, Square Enix, 2013)
Alba : a Wildlife Adventure (Ustwo Games, 2021)
Ce que les jeux vidéo de la mouvance wholesome peuvent faire de pire. Alba refuse catégoriquement la dimension politique de son propos. Il imite Pokémon Snap quand il devrait imiter Spirit Island ou la partie horrifique de Forestia ; apparemment les ingrédients de la réussite et du changement sont la gentillesse, de l’huile de coude et une gamine de huit ans qui fait bouger les choses avec quelques photos et un peu d’innocence. Les forêts en Guyane continuent d’être rasées, les centrales de charbon continuent d’être rallumées en Allemagne, des îles comme celle sur laquelle se déroule le jeu vont être rayées de la carte, mais pas de panique, deux enfants nous embarquent dans un safari photos et surtout n’oubliez pas, mettez bien les déchets dans les bonnes poubelles ! Complètement lunaire.
Spirit of the North (Infuse Studio, Merge Games, 2020)
Narita Boy (Studio Koba, Team17, 2021)
C’est plus la vidéo que le jeu qui impressionne. Certaines animations sont obscènes dans leur impact et leur dynamisme.
Greak : Memories of Azur (Navegante Entertainment, Team17, 2021)
Beautycopter (Graceless Games, 2020)
Sans queue ni tête mais avec des pales d’hélicoptère. Il y a une scène et un dialogue en particulier qui mérite à lui tout seul de lancer le jeu.
Doc Geraud Funny Games Selection (Doc Geraud, 2020)
Buissons (Doc Geraud, Tambouille, 2023)
The Legend of Zelda : Breath of the Wild (Nintendo, 2017)
Ce n’est pas très bon, chef. Plus à en dire plus tard, le texte cuit lentement et viendra plus tard™
Kubeon (GameDevStories, 2023)
Missed Messages (Angela He, 2019)
Dissembler (Ian McLarty, 2018)
Folder Dungeon (Ravernt, 2023)
You, Me, and the Stars (Mario0w0, Dre, 2023)
Distraint (Jesse Makkonnen, 2015)
Mr Platformer (Terry Cavanagh, 2023)
Le nom a un passe-droit automatique à mes yeux, c’est pour ça que j’y ai joué, et je peux vous dire que vous avez le droit de passer ce jeu du coup. Sans rancune Terry, ça arrive à tout le monde, vivement le prochain !
BABBDI (Lemaitre Bros, 2022)
Blasphemous 2 (The Game Kitchen, Team 17, 2023)
Le jeu s’est avéré être ce que je craignais, à savoir une suite. Le message est dilué, le jeu est plus complexe mécaniquement, les niveaux sont plus construits, avec plus de secrets, plus de fragments, plus de boss, plus de budget, plus de cinématiques en animation 2D, plus de tout, mais moins de substance, moins de rattachement à l’histoire de l’art, moins de critique subversive de la religion catholique, moins de désobéissance aux canons des genres. Blasphemous 2 est ce que le 1 espérait être, et le 1 est ce qu’il n’a jamais cru pouvoir être un jour, et pourtant.
Alundra (Matrix Software, Psygnosis, 1997)
J’ai refait le jeu en entier pour inaugurer et tester l’upscaler que j’ai pris pour pouvoir jouer avec mon équipement sur une télé moderne, pour allier la qualité du passé avec le confort du présent. Et c’était bien. Prochaine étape, trouver comment utiliser cette configuration pour des streams.
Cocoon (Geometric Interactive, 2023)
Je ne suis absolument pas étonné que Tevis Thompson ait détesté. Je comprends pourquoi, sans aller jusqu’à le rejoindre. J’ai trouvé l’expérience chirurgicale, précise, par moments mystique. C’est un monde qui ne tourne qu’autour de nous, une horloge qui tique pour un grand horloger voltairien, sans aucune possibilité de dévier du chemin, ni dans les mécaniques, ni dans l’espace. Les puzzles s’enchaînent et s’oublient aussitôt, la grammaire reste dans des balbutiements de sujet-verbe, l’objet est absent. A peine entrevoit-on le début d’une phrase complexe qu’on arrête d’écrire, et que le boss vient mettre un point final à l’idée. Sous cette couche d’esthétique trop propre sur soi se cache un chaos qu’on nous refuse, qu’on nous retire des mains dès que la fonction des différents niveaux a été remplie. Le cocon ne sera jamais éclos, c’est bien dommage.
Bacon – The Game (Philipp Stollenmayer, 2018)
Je vois pourquoi Tevis Thompson a apprécié, et je comprends pourquoi, sans aller jusqu’à le rejoindre. Il y a du Desert Golfing là-dedans. Chaque niveau est une variation infime d’un même concept épuré, si épuré qu’on se demande comment trouver de la profondeur dans ce qui est immédiatement présenté comme une blague à la Bennett Foddy, un jeu à un bouton, une idée qui tient en trois mots, et pourtant, lentement, insidieusement, on se surprend à découvrir des différences de lancer, de positionnement de la poêle, de timing, de compréhension de la courbe nécessaire pour atterrir précisément là où il faut, quand il le faut. C’est plus fin que ça en a l’air, et c’est surtout plus glissant que ça devrait l’être.
100 Cats in Paris (Travellin Cats, 2023)
100 Cats in Jingle Jam (Travellin Cats, 2023)
Noita (Nolla Games, 2019)
C’est bien sûr le jeu de l’année, non pas parce que c’est le meilleur, mais parce qu’il faut bien une année pour s’approcher du précipice et oser le regarder, dépasser le vertige qui nous saisit face à l’aventure proposée et sauter. 2023 est l’année de Noita, le jeu, et 2024 sera l’année de Noita, le texte qui lui rendra justice.
Venetica (Deck13, DTP Entertainment, 2009)
Who Shall Wander (Kat, 2021)
Hineini (Joshua Gundlach, Ariel Jacob, 2023)
Marée Noire (axoona, 2021)
Trine 5 : A Clockwork Conspiracy (Frozenbyte, THQ Nordic, 2023)
La formule ne change pas, donc le commentaire non plus : c’est sympa à plusieurs, mais chaque titre est de plus en plus long, de plus en plus fastidieux quand vient le moment de conclure et de plus en plus tape-à-l’oeil dans les effets de bloom, les couleurs chatoyantes et les particules.
Toasterball (Les Crafteurs, 2020)
En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées de jeux de canapé pour quelques soirées entre amies. Entre Buissons et ça, les développeurs indé français font plaisir à voir.
Livres
Créatures (Ivain Maucorps, François Demay, 2021)
Le Réveil (Laurent Gounelle, 2022)
Une bonne grosse daube. Consultant en relations humaines, adepte des courants de développement personnel, de psychologie et de pensées « alternatives », Gounelle qui n’est pas médecin mais qui se pose des questions, après tout c’est son droit hein on vit encore dans une démocratie non, du coup voilà il se pose des questions et pond une histoire inspirée du réel mais pas trop, pour qu’on puisse réfléchir aussi à notre tour. C’est à moitié condescendant et faussement intelligent comme du Bernard Werber, à moitié sirupeux et plein de bons sentiments comme du Katherine Pancol, et totalement conspirationniste, mal-informé, politiquement creux, le fameux « on ne nous dit pas tout » à la sauce Covid-19. Nous sachons.
Béton, arme de construction massive du capitalisme (Anselm Jappe, 2020)
La peur de la nature (François Terrasson, 1988)
En un mot car ça me titille de développer plus sur ce livre : l’auteur est en directe lignée avec la tradition universitaire franco-française d’élever la psychanalyse, en particulier la branche freudienne, en hypothèse sérieuse pour expliquer les choses. Non seulement ce n’est pas sérieux, et le reste du monde l’a bien compris – et il faudra vraiment se pencher un jour sur l’obsession de la France avec ça – mais c’est en plus terriblement naïf, apolitique et aveugle quant aux structures qui ont été mises en place, volontairement, sciemment. Nul besoin de convoquer un inconscient là-dedans. La modification et la destruction de l’environnement est totalement voulu, souhaité et assumé. A la question « pourquoi l’homme détruit la nature ? », la réponse de Terrasson est « parce qu’il en a peur », soit quelque chose d’infalsifiable, d’essentialiste, et de très utile pour expliquer tout et n’importe quoi à toutes les sauces. La réponse la plus sage et la plus plausible au regard du développement de toutes les sociétés humaines à travers l’histoire serait plus à lorgner du côté de « parce qu’il en a les moyens et surtout l’énergie nécessaire pour le faire ». La différence entre des Hutu et des colons des Etats-Unis, ce n’est pas une différence de psyché et de visions du monde, mais d’accès au pétrole et aux technologies, d’hier comme d’aujourd’hui.
En un mot.
L’apprenti Epouvanteur (Joseph Delaney, 2004)
J’ai repris la série que j’avais entamée adolescente mais que je n’avais jamais finie. Je pensais avoir des bons souvenirs du premier tome, mais il s’avère que j’avais oublié un ou deux passages particulièrement inquiétants, pour mon plus grand plaisir de les relire.
Fées, Weed et Guillotine (Karim Berrouka, 2014)
Une proposition intrigante, de la fantasy urbaine et contemporaine, un peu dans la veine d’un Artemis Fowl remis au goût du jour, le petit génie arrogant en moins, le cannabis et des flics en plus.
La Malédiction de l’Epouvanteur (Joseph Delaney, 2005)
Le Secret de l’Epouvanteur (Joseph Delaney, 2006)
L’Exil et le Royaume (Albert Camus, 1957)
Un recueil de nouvelles un peu moins connu que le reste de ses œuvres. J’ai apprécié chaque nouvelle, mais trois d’entre elles m’ont tout particulièrement plu : « le Renégat ou l’esprit confus » est un pur exercice de style délicieux ; « L’Hôte » pourrait être adapté en court métrage tellement il est cinématographique dans le déroulement de son récit ; et « Jonas ou l’artiste au travail » m’a refait penser à Becker, décidément.
La Larme de Dieu (Ivain Maucorps, François Demey, 2020)
Le Génie Lesbien (Alice Coffin, 2020)
Il y a des passages brillants, des réflexions très intéressantes, et puis il y en a d’autres qui font qu’on se demande si on lit toujours le même livre. A côté d’une analyse fine des attentes sociétales vis-à-vis des vêtements portés par un genre ou l’autre, il y a de la psycholinguistique éclatée au sol, à base de Miss André, misandre, et la racine grecque andros, à faire pâlir d’envie tous les universitaires français qui ne jurent que par Freud – encore eux. Il y a aussi des angles morts, assumés parce que c’est une militante avec un objectif précis, et il n’a jamais été question dès le départ de les aborder, mais quand même c’est frustrant de (ne pas) le lire. Rien sur le soft power évident en œuvre dans la construction de son militantisme, rien sur le coût et les ressources dépensées pour entretenir tout ça, rien sur le fait de s’adresser avant tout à une classe moyenne et supérieure très parisienne (disons mégalopole urbaine vu comment elle adore les États-Unis), très médiatico-journalistico-culturelle. Non pas que ce n’est pas intéressant de voir comment des journalistes et des gens de la culture se tirent dans les pattes des unes et des autres en petit comité, hein, mais quand la réponse à tout ça c’est de boycotter toutes les œuvres culturelles faites par des hommes, comment dire, je ne peux m’empêcher de trouver ça un peu performatif et vain.
Petite histoire du spectacle industriel (Patrick Bouvet, 2017)
Il a rejoint Les Mondes de l’Art sur l’étagère des livres auxquels je repense souvent. C’est concis, ciselé, incisif, poétique, pas un mot en trop, une précision chirurgicale dans les parallèles dressés et alimentés par un fil rouge fascinant.
Le Combat de l’Epouvanteur (Joseph Delaney, 2008)
L’Erreur de l’Epouvanteur (Joseph Delaney, 2009)
How Nonviolence Protects the State (Peter Gelderloos, 2007)
Une lecture qui nous a accompagnées tout au long d’une randonnée dans le pays cathare et les Corbières. Le soleil de plomb a chauffé nos corps, le livre a échauffé nos esprits.
Le Sacrifice de l’Epouvanteur (Joseph Delaney, 2009)
Le tome le plus faible de la saga pour l’instant. Les 3/4 du livre sont consacrés à la préparation de la bataille qui se déroule dans le dernier quart, et c’est un peu poussif.
La semaine sanglante – Mai 1871, légendes et comptes (Michèle Audin, 2021)
Un livre qui m’a fait avoir le vertige sur la quantité de données disponibles dans des cartons dans des archives, dans des commissariats, dans des cimetières, dans des journaux. Un travail de recherche exceptionnel. Il permet aussi de se rendre compte à quel point la presse est mourante aujourd’hui, quand on voit le foisonnement qui existait il y a 150 ans. Chaque quartier avait son papier ou presque, une pluralité de voix, de récits, de sources, et aucune encore aux mains de 5 milliardaires.
Stèles : la grande famine en Chine, 1958-1961 (Yang Jisheng, 2012)
Je suis toujours en train de lire ce pavé, il réapparaîtra dans le bilan 2024. C’est qu’il y a là plus de 700 pages de données, à nouveau, un vertige face à la recherche qui a été faite pour produire ce compendium de ce qui s’est passé. On essaierait d’imaginer une machination plus complexe, un système plus dystopique, un contrôle plus serré qu’on serait incapable de rivaliser avec ce qui s’est produit en Chine durant le régime de Mao. Il faut le lire pour le voir, pour y croire. Tout bonnement hallucinant. Croiser un ou une tankie sur Internet m’est de plus en plus insupportable.
Bandes dessinées
Les Géants #1 et #2 (Lylian, Drouin, Lorien, 2020)
Le Monde Sans Fin (Blain, Jancovici, 2021)
Étant déjà familier avec le discours de Jancovici, je n’ai pas appris grand-chose, mais c’est toujours bien de le relire, et puis maintenant il y a des petits dessins rigolos de Janco en Iron Man, ça fait mieux passer la pilule, il paraît.
Les Grands Cerfs (Gaétan Nocq, 2021)
Gros coup de cœur pour cette BD, trouvée au hasard pour un cadeau. Plongée dans des tons de bleus qui esquissent des formes éthérées entre les arbres, l’histoire mélange voyage initiatique, documentaire animalier et contemplation poétique, sans oublier la fin qui part étrangement vers un sous-texte politique assez plaisant. C’est un bel objet, et son sujet, les cerfs, est également magnifiquement dépeint.
Planètes #1 à #4 (Makoto Yukimura, 2001 à 2004)
On commence avec le scénario de Gravity, 12 ans avant la sortie du film, et on finit sur des considérations politiques vis-à-vis de la conquête spatiale, du terrorisme lunaire, et de l’existentialisme cosmique.
Brume : le réveil du dragon (Jérôme Pelissier, Carine Hinder, 2023)
Saga #1 à #6 (Brian K. Vaughan, Fiona Staples, 2012 à 2016)
C’est du soap opéra dans l’espace, ça se veut être un univers étendu et étrange, et il y a beaucoup d’idées dedans qui marchent dans ce sens, et des idées plutôt bonnes en plus, et en même temps c’est tellement, mais tellement ancré dans la culture nord-américaine. Même dans ce que la BD considère comme subversif et choquant, on sent que les curseurs pour ces sentiments sont réglés sur le puritanisme outre-atlantique. C’est vraiment rigolo par moments de constater la familiarité du scandale manufacturé, mais à des années lumière d’ici.
Vagabond #21 à #32 (Takehiko Inoue, 2005 à 2010)
Chainsaw Man #1 et #2 (Tatsuki Fujimoto, 2019)
C’est l’histoire d’un garçon qui ne veut pas mourir avant d’avoir une copine et d’avoir peloté des seins, parce que quand même, voilà quoi. Et du coup c’est un chien, littéralement, il a son chien en lui qui le fait devenir tronçonneuse, je disais donc, il est en chien pour n’importe quel personnage féminin qu’il croise et son gimmick c’est qu’au lieu de sortir sa bite il démarre sa scie qui lui sert de tête pour découper des monstres, dans l’espoir d’impressionner les filles. Ultra naze.
Albums
Blasphemous OST (Carlos Viola 2019)
Je n’y croyais pas alors j’ai ré-écouté mais non non, je confirme : je n’ai retenu aucune musique de Blasphemous 2 alors que plusieurs mois après celles du 1 résonnent encore dans ma tête. Morceaux préférés : Gélida Expiración, Cante de los Muertos
Crépuscules (Camille Laïly, 2023) Morceau préféré : Leila Lune, Au Bord de l’Erdre
Poèmes Jazz (Les Lueurs de Lily, 2017) Morceau préféré : Le collectionneur
Mint Jams (Live) (Casiopeia, 1982) Morceau préféré : Domino Line
Narita Boy OST (Salvinsky, 2021) Morceaux préférés : Pirate, Crab
Music for Saxofone and Bass Guitar (Sam Gendel, Sam Wilkes, 2018)
Psychic (Darkside, 2013)
Réécouté suite au concert fait avec O. et I. Morceaux préférés : Golden Arrow, Paper Trails
Lucky Summer Lady (T-Square, 1978)
Ils ont inspiré les compositeurs des Mario Kart, et maintenant certains anciens membres de T-Square ont bossé sur des morceaux de MK8, la boucle est bouclée. Morceaux préférés : Future Fly
Come!See!! (M.O.O.N, 2022)
Attendu au tournant après son passage remarqué sur la bande-son d’Hotline Miami, j’ai appris que M.O.O.N avait fini par sortir quelque chose, au milieu du classique syndrome de l’imposteur et la pression habituelle de prouver que ce n’était pas qu’un coup du hasard. Come!See !! confirme qu’il a toujours des choses à dire après la pause café sanglante de Miami, et c’est tant mieux. Morceau préféré : Kintsugi
MOON EP (M.O.O.N, 2011)
A quinze ans donc, M.O.O.N sort cet EP qui est repris dans Hotline Miami. Un véritable tour de force. Bien qu’ayant moyennement apprécié le jeu, les morceaux tournent toujours dans ma tête périodiquement. Morceau préféré : Hydrogen
Coco Charnelle, Part 1 (Béesau, 2021)
Station Balnéaire (Béesau, 2020)
De la musique d’attente pour des streamers avant de lancer le live. Il faut bien remplacer le créneau d’Ibrahim Malouuf vu qu’il est cancelled pour agression sexuelles sur mineure. Mince, encore un. Morceau préféré : aucun, j’ai tout oublié depuis.
Gorogoa OST (Joel Corelitz, 2017)
Fantômes…Futurs (Kham Meslien, 2022)
Vu en concert surprise avec O. La richesse des techniques utilisées pour faire parler l’instrument. Tour à tour pincée, tapotée, tambourinée, électroniquement enrichie, la contrebasse devient écho, reflux, rivage, océan, souvent hypnotique, toujours changeant, familier et puis soudain. Morceau préféré : The Alarm
Séries
FLCL (Gainax, 2000)
Revu avec O. qui ne l’avait jamais vu. C’est toujours aussi bien. Comment décrire, c’est l’NRG dans l’animation, la QLT des dialogues, ce sentiment ô combien présent dans les animes, ce tag coming-of-age qui hante les productions mais que CLC en particulier exprime à la perfection, c’est l’humour absurde, les personnages qui XPLS en plein vol et la PLCL rattrape ici et là leurs traces, c’est la capsule d’une adolescence, c’est full et c’est cool, c’est FLCL.
Sandman (Gaiman, Goyer, Heinberg, 2022)
Vu avec C. J’ai lu les comics il y a longtemps. L’adaptation est sympathique.
Jujutsu Kaisen, saison 1 (MAPPA, 2020)
Je n’ai pas été très impressionné. Je devrais arrêter d’essayer des nouveaux shounens je crois, c’est difficile de faire mieux qu’Hunter X Hunter.
Ergo Proxy (Mangloben, 2006)
Enfin, enfin ! Des années après le début de mon visionnage, après trois, ou quatre recommencements, après des siestes fiévreuses sur fond de bibliothèque dans le désert et de cris de Vincent qui cherche « PINOOOOO », enfin, j’ai réussi à voir la conclusion. Est-ce que ça en valait la peine ? On a dépassé la recherche de valeur, on a atteint des fonds marins inexplorés avec ces coûts coulés, c’était pour la science, vive Cousteau.
The Witcher, season 3 (Lauren Schmidt Hissrich, Netflix 2023)
Les producteurs n’en avaient plus rien à faire du matériel source, ça se voit, ça s’est vu. Cavill qui se barre parce que ça devient n’importe quoi et qu’il ne veut plus contribuer au naufrage, c’est drôle si ce n’était pas triste.
Inside Number Nine, season 1 à 8 (Reece Shearsmith, Steve Pemberton, 2014 à 2023)
On a fait une tierlist des épisodes si jamais, disponible ici.
Mononoke (Toei Animation, 2007)
Anime très curieux, tant dans le fond que dans la forme. La narration suit un format très rigide qui emprunte à l’enquête, avec trois actes qui se répètent à chaque épisode, et pourtant au sein de cette structure l’animation part dans tous les sens, à coups d’avance rapide, de répétitions, de retours en arrière, d’ellipses et raccourcis prophétiques. Et puis il y l’explosion de couleurs, de motifs, la richesse de chaque plan, de chaque prise de vue, les compositions en tableaux.
Scott Pilgrim Takes Off (Abel Gongora, 2023)
Captain Laserhawk : A Blood Dragon Remix (Adi Shankar, 2023)
Ah ce n’est pas Nintendo qui chouchoute ses franchises et les dépeint de manière immaculée au cinéma parce qu’il ne faut ô grand jamais toucher aux canons. Je suis assez sidéré du courage d’Ubisoft, qui n’est pas plus bête ni plus morale que n’importe quelle autre entreprise de divertissement, de malmener à ce point leurs personnages, d’utiliser si bien les codes des séries post-Game of Thrones pour générer un choc, un twist, au diable la protection des licences et l’image rattachée. Entendons-nous bien, c’est aussi une stratégie marketing et commerciale, et ça a payé. Mais c’était vraiment rafraîchissant à voir, et si ça peut encourager d’autres mégacorp à prendre des risques avec leurs univers, et bien, la dystopie culturelle sera peut-être moins désagréable que prévu…
Shingeki no Kyojin – the Final Season – the Final Chapters Part 1 (MAPPA, 2023)
Shingeki no Kyojin – the Final Season – the Final Chapters Part 2 (MAPPA, 2023)
Il faut que je relise la série dans son ensemble, mais la fin semble confirmer la lecture nationaliste et conservatrice qui a commencé à émerger vers la deuxième moitié. Les parallèles sont trop grossiers pour être ignorés, et la morale pue franchement. Une île animée par un sentiment de frustration et l’envie d’avoir une revanche ? L’idée d’être unique dans la région ? Le génocide comme outil de prévention pour entériner temporairement toute velléité de contre-attaque ? Pfft. Il était loin le temps de la fantasy pure et dure sans aucun rapprochement avec la géopolitique post-WW2.